Jean-Pierre Andrevon - Zombies, un horizon de cendres (2004)

Quatrième de couverture
Premier jour : Au loin, il y a votre voisin. Vous lui faites un signe avant de poursuivre votre route. Jusqu'au moment où vous réalisez que le voisin en question est décédé depuis des semaines...
Troisième jour : Vous ne décollez plus de la télé, qui enchaîne les émissions spéciales. Partout dans le monde les morts se réveillent. Apathiques, ils errent au royaume des vivants...
Cinquième jour : Paralysé de trouille et de dégoût, vous regardez votre femme serrer dans ses bras, au beau milieu de votre salon, une chose qui, un jour, fut sa mère...
Huitième jour : Votre femme vous a quitté après que vous avez réduit en cendres l'ignominie qu'elle appelait "maman". Derrière vos volets cloués, alors que le chien ne cesse de geindre, ils rôdent.
Neuvième jour : La télé diffuse un reportage au cours duquel on voit une de ces choses dévorer un chat vivant... Ils sont désormais des millions et vous ne vous posez qu'une question : mon monde n'est-il pas désormais le leur ?

Ce n'est pas ma première lecture d'Andrevon puisque nous l'avions reçu en dédicace en 2009 pour la sortie de son recueil de nouvelles Tous ces pas vers l'enfer. Je vous avais aussi présenté très succinctement Le météore de Sibérie et j'ajouterai, bien qu'il n'ait étonnamment jamais été chroniqué sur ce blog, un de ces meilleurs titres : Le travail du furet.
Pour pouvoir être le plus honnête possible dans cette critique, il faut que je me replace en 2004 comme si je n'avais jamais rien lu d'autre sur les morts-vivants. Alors, bien que ce thème ne soit pas du tout novateur, Un horizon de cendres émerge en même temps qu'une recrudescence d'intérêt pour le genre, en partie grâce aux comics américains Walking Dead.
Or, le zombie est dans la culture populaire majoritairement yankee. La faute de George A. Romero, le réalisateur de La nuit des morts-vivants et de toute une tripotée d'autres zombiefilms. De fait, le roman d'Andrevon, qui parait à l'aube de cette nouvelle vague zombiesque et dans un décor de campagne et de ville française, - notez que l'auteur brouille très bien les pistes mais certains indices situent l'action dans le périmètre de Grenoble, ville de l'écrivain) -, propose une variation à la fois géographique et contextuelle.
Ici, le zombie apparait presque soudainement. On ne sait pas trop à quoi est dû cette "résurrection spontanée", toujours est-il que les morts, non seulement revivent mais ne peuvent être tués. Car une fois abattus ou brûlés, ils se reconstituent. C'est donc une bataille perdue d'avance que le narrateur nous expose dans un récit-témoin fait de ses observations, de ses réflexions mais bizarrement sans trop d'angoisse malgré l'échéance dramatique probable et avec une bonne dose de soumission. Même la fin de l'humanité qui se profile pourrait être selon lui une délivrance (là c'est l'auteur engagé écologiquement qui parle).
Le roman étant scindé en deux parties, je dirais que la première est la plus intéressante car elle met en scène un individu lambda, un anti-héros par nature, un type sans grande envergure, employé d'un crématorium, marié et père de famille qui voit son quotidien se déliter avec un certain détachement. Mais c'est cette "fadeur" très réaliste qui le rend attachant, facilement identifiable.
Dans la seconde partie, le narrateur est récupéré par des miliciens qui l'amènent avec d'autres survivants dans une caserne, dernier bastion contre l'inhumanité où il doit apprendre aux côtés des autres à vivre avec les moyens qui lui sont donnés.
Si j'ai insisté sur le fait de se replacer en 2004, c'est que si on lit ce roman aujourd'hui après avoir déjà abordé une bonne partie de la production zombiesque (tant littéraire que cinématographique) on pourra juger le roman peu original et bourré de poncifs.
Mon ressenti personnel est donc mitigé. Sans aller jusqu'à placer Andrevon comme un des précurseurs français du renouveau du genre (d'autres en BD, au ciné et en littérature s'y collaient déjà), il faut lui reconnaitre une tentative agréable et honorable, bien que très fataliste, de s'approprier le genre sur le territoire français. Andrevon lui-même reconnait avoir voulu rendre hommage à Je suis une légende de Richard Matheson. Un pari somme toute osé et moyennement réussi même si l'auteur écrit très bien. Le roman étant un peu déséquilibré dans le style et la forme entre les deux parties, et même si j'ai trouvé les dernières lignes du roman particulièrement belles et émouvantes, mon plaisir de lecture s'est un peu amenuisé au cours de la seconde période.
Je pense donc que c'est un titre qui procurera du plaisir aux lecteurs qui veulent découvrir l'univers zombie mais qui décevra les férus qui ont tout lu et tout vu et qui le trouveront trop classique.

Sinon, message à l'éditeur du Bélial... un peu trop de coquilles à mon goût. Pas bien... [... dit celle qui en laisse aussi traîner quelques unes... mais bon, moi je ne suis pas (plus) payée pour ma rédaction ☺]

Jean-Pierre Andrevon
Zombies, un horizon de cendres (2004)
(Le Bélial)

978-2-84344-131-8
(Pocket, Épuisé)

978-2-266-17722- 1

Copyright © Mai 2018 Blog Soleil Vert - Herveline Vinchon

Tag(s) : #ZOMBIE, #FANTASTIQUE, #SURVIE, #ANDREVON
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