Ray BradburyRay Bradbury nous a quittés le 5 juin 2012 à l'âge de 91 ans. Lui qui espérait vivre jusqu'à 100 ans et être enterré sur Mars (voir plus bas). C'est donc une énorme perte pour la science-fiction. C'était un de ces auteurs de cet âge d'or où l'on pouvait vraiment inventer, anticiper le futur, où la spéculation scientifique avait un sens. Ce n'était d'ailleurs pas seulement un romancier mais aussi et surtout un novelliste incroyable (il fait d'ailleurs figure de trésor national à ce niveau là, ce qui lui a valu l'appellation d'"auteur américain le plus prisé des anthologies") et un grand poète dans son style littéraire, lui qui adorait pourtant aussi le fantastique et l'horreur, souvent en filigrane de ses textes de science-fiction.
Si les jeunes générations retiennent principalement ses Chroniques martiennes et Fahrenheit 451, il ne faut pas hésiter à aller au-delà de ces chefs-d'oeuvre. Les pommes d'or du soleil ou Le pays d'Octobre sont des recueils à découvrir.

Ray Bradbury était très pessimiste quant à l'avenir de l'humanité. Et comme je le rejoins sur ce terrain, je mesure d'autant la perte que provoque sa disparition. Dans Fahrenheit 451, écrit entre 1951 et 1953, déjà, il y décrivait un futur indéterminé où les pompiers étaient chargés d'allumer les feux - et non de les éteindre. Les livres étaient un carburant idéal. Un de ces pompiers, réalisant ce qu'il faisait, rejoignit un groupe de proscrits dont la mémoire collective était dépositaire de la littérature et de la culture... Imaginez si un jour toutes les données virtuelles venaient à disparaître dans un big-bang informatique, on pourra dire que le numérique aura été un sacré lance-flamme, surtout si l'on continue à stocker de cette façon de plus en plus d'informations qui peuvent disparaître plus vite que le temps mis pour les enregistrer. Ne brûlez pas les livres même si vous avez une tablette numérique !
Toute sa vie, Bradbury a mis en avant cette vision dystopique du monde au travers ses nombreuses oeuvres. Pour lui, la définition de la science-fiction
était que c'est principalement une étude sociologique de l'avenir et un ensemble de faits que l'auteur est persuadé de voir se réaliser, autant que deux et deux font quatre ("Science fiction is really sociological studies of the future, things that the writer believes are going to happen by putting two and two together.")

Dans une interview donnée à Claudine Mulard pour le quotidien Le Monde du 04 Novembre 2007, Ray Bradbury exprimait son envie d'être enterré sur le sol de Mars :
"La nuit où nous avons atterri sur la Lune fut une nui
ray-bradbury-caricature.jpgt d'extase pour moi. Nous n'aurions jamais dû abandonner ! Faire une photo, OK, mais ça ne va pas sauver l'humanité. Si la vie disparaît sur Terre, nous pouvons la trouver sur d'autres planètes. Les voyages dans l'espace nous rendront immortels. Il faut revenir sur la Lune et en faire notre base, pour partir à la conquête de Mars... dans les vingt ou trente prochaines années, mais je ne serai plus de ce monde, et cela me navre tellement !
Mais je vais être enterré sur Mars, dans le cratère Chicago Abyss. J'ai laissé des instructions en ce sens à ma famille. Je serai le premier mort sur Mars, sauf que je n'ai aucune intention de mourir bientôt. Je veux encore une quinzaine d'années. J'atteindrai 100 ans !"
Il n'aura pas atteint cet âge, quant à être enterré sur
Mars... ces cendres feront peut-être partie du premier vol habité prévu en... En tout cas, le site Cartoon a day, n'a pas manqué de lui rendre hommage avec cette sympathique caricature (ci-dessus).

twilight.jpgRay Bradbury était aussi scénariste. Il a signé entre autres la Fée électricité épisode 35 de la saison 3 de Twilight Zone (La quatrième dimension), quelques épisodes d'Alfred Hitchcock présente, de Fahrenheit 451 de Truffaut, évidemment, et de son remake prévu cette année, mais aussi du Météore de la nuit de Jack Arnold (1954), et plus inattendu du Moby Dick de John Huston (1956).

Je laisse le mot de la fin à Pierre Versin qui disait de lui dans son Encyclopédie de l'utopie et de la sicence-fiction qu'il était un contre-utopiste servi par un style scintillant !

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