Quatrième de couverture
Panteuil dans la banlieue parisienne, ses cités, ses squats, ses trafics et son commissariat. Sébastien Doche et Isabelle Lefèvre y sont affectés sous les ordres de la très ambitieuse et glaciale commissaire Le Muir, surnommée La Muraille. Parmi leurs collègues, les flics de la BAC de nuit qui rackettent les filles de l’Est, mais aussi la tenace enquêtrice des RGPP, Noria Ghozali, qui a la ferme intention de mettre fin à certaines pratiques... Nous sommes en 2005 et le ministre de l’Intérieur met en place sa « nouvelle politique de sécurité ». Lorsqu’un squat de sans-papiers prend feu, tout Panteuil s’embrase et la guerre des polices fait rage.
Historienne, Dominique Manotti a été professeur d’Histoire à l’Université, militante, femme engagée, elle préfère raconter, décrire, et s’en remettre aux faits pour donner à son récit tout le réalisme et la puissance de la vérité. Et c’est bien sûr tout à fait réussi. L’expression « la vérité dépasse souvent la fiction » prend tout son sens dans ce roman. Dominique Manotti n’a pas besoin d’en faire des tonnes sur le sang, le gore, la description de la violence ou de la détresse. Ces éléments sont là, plus pesants encore que s’ils étaient décrits en gros plan. Au lecteur de se faire une idée sur cette réalité. Ce roman réussit pleinement l’amalgame entre une histoire prenante dans laquelle on veut savoir ce qui arrive aux personnes impliquées, et un quasi reportage en direct sur la vie d’un commissariat. Il y a les novices, ceux qui sortent de l’école de Police avec des convictions, des idéaux qu’ils sont venus réaliser. Il y a les vieux de la vieille, ceux qui ont compris qu’il fallait attendre la retraite sans faire de vagues, en espérant passer entre les gouttes acides, et il y a les cyniques, ceux qui jouent leur carte personnelle et pactisent avec le système, jusqu’au banditisme, là où on a du mal à distinguer le flic du voyou. Mais dans tous les cas, le mensonge règne à tous les étages. Lorsqu’on prend du recul, le tableau prend forme. Il s’agit d’une stratégie décidée en haut lieu. Celle du discours sécuritaire et de la politique des chiffres. Il faut afficher de bons résultats, à tout prix. C’est de la communication, pour donner une image crédible, et se faire élire…
Dans cette stratégie, il s’agit de diffuser la peur, et de montrer du doigt les ghettos (« vous en avez marre de cette racaille ? ») Tout en favorisant leur existence …
Pas de héros dans ce roman, pas de personnage auquel on a envie de s’identifier, de s’attacher, mais des situations complexes que l’auteur cherche à nous faire comprendre. Comme dans la vraie vie, même s’ils ne sont pas sympathiques, ce sont les lampistes qui « prennent le plus cher ». C’est toujours ceux qui doivent le moins qui remboursent le plus … Un roman très percutant, et très plausible.
Dominique Manotti
Bien connu des services de police
(Folio Policier)
9782070442003
Mots-clés : BAC, commissariat, police, prostitutions, ripoux, voyous