Quatrième de couverture
Quelque part dans le désert africain, une équipe de scientifiques spécialisés en manipulations génétiques a créé une armée de monstres surpuissants. À partir de l’ADN croisé entre humains et animaux, ils ont engendré une nouvelle forme de vie, complètement dédiée au combat : les Elephantmen. L’ONU se doit d’intervenir. Commence alors l’une des guerres les plus violentes que la Terre a connue…
Petite mise à jour de cette chronique après lecture du tome 2.
Coup de coeur ! Tome 1. L'arrivée des Elephantmen dans le paysage du comic est un pur régal visuel et scénaristique. Loin des super-héros mais tout en gardant la notion de "sur-homme", bien qu'ici il s'agisse de "sur-animaux", les créateurs nous plongent dans une épopée guerrière hors du commun. C'est presque un roman graphique puisque les dialogues sont assez minimalistes au profit d'une narration en haut de case.
L'histoire se déroule en France dans un avenir proche où l'on suit les mésaventures d'Yvette une rebelle qui vient de perdre son frère, massacré par les Elephantmen. Elle nous raconte ainsi comment tout a commencé et comment une poignée de survivants, dont elle, tentent désespérément de lutter contre cette armée inhumaine créée par un savant fou, dont le seul but est d'exterminer la race humaine. Profondément sauvage et violent, ce monde implacable dans lequel évolue l'héroïne la pousse à devenir aussi enragée que ses ennemis. La dimension philosophique de ce récit est à la portée de tous et met en exergue les notions d'humanité et de compassion. S'il n'était ce prénom outrageusement franchouillard, il n'y aurait aucune fausse note. Mais comme je suppose qu'une équipe aussi importante (environ six personnes pour un seul comic) a forcément testé plusieurs prénoms, je suis bluffée par le fait que ce prénom vieillot finisse par prendre une place aussi légitime dans le scénario. Car si le V de Vendetta connaît encore aujourd'hui un grand succès, notre Yvette sculpte elle son nom entier dans la chair de ses agresseurs.
A la fin du premier tome, nulle doute qu'elle deviendra l'héroïne emblématique de cette série en quête d'humanisme dont les décors bien inspirés nous rappellent les heures noires des tranchées de 14-18.
Je le dis haut et fort, Elephantmen est une pure merveille.
Coup de coeur. Tome 2. Voilà le retour d'Yvette dans un second volet tout aussi captivant. Il ne fait plus aucun doute qu'une légende est née, toujours plus haineuse, toujours plus vengeresse. Le premier chapitre de ce tome tranche complètement avec ce qu'on a pu voir dans le précédent. Des couleurs très chaudes, d'un autre temps qui rappellent les vieilles photos couleur sépia. Plus tard, alors que les combats reprennent, nouvelle rupture avec des graphismes aux influences orientales d'une grande finesse avant d'entamer un avant dernier chapitre incroyable (intitulé Patient Zéro) en noir et blanc d'une grande profondeur mettant en lumière la noirceur du savant fou, Nikken à l'origine de tout. Pour finir, une ultime partie laissant présager d'un avenir meilleur, tout au moins d'une paix possible.
Encore une fois, les auteurs démontrent leur capacité à dépeindre les horreurs de la guerre n'hésitant pas à se référer à une imagerie malheureusement populaire allant des tranchées aux cimetières de croix blanches. Quant à Yvette, on n'avait pas vu depuis Martha Washington (créée par Frank Miller dans les années 90), héroïne guerrière aussi emblématique. A suivre...
Richard Starkings, (d) Moritat, (d) Alex Medellin, (d) Ladrönn, (co) Gregory Whright (sc)
Elephantmen 2 tomes
(Delcourt)
Mots-clés : animaux, Danemark, France, futur proche, génétique, guerres, héroïne, savant fou, virus