Kirkman & Adlard - Walking deadQuatrième de couverture
Rick est policier et sort du coma pour découvrir avec horreur un monde où les morts ne meurent plus.
Mais ils errent à la recherche des derniers humains pour s'en repaître. Il n'a alors plus qu'une idée en tête : retrouver sa femme et son fils, en espérant qu'ils soient rescapés de ce monde devenu fou. Un monde où plus rien ne sera jamais comme avant, et où une seule règle prévaut : survivre à tout prix. Œuvre fondatrice du genre en bande dessinée, Walking Dead s'impose par sa qualité d'écriture et son attention portée aux relations entre les personnages de cette incroyable aventure humaine.
En effet, au-delà des scènes où apparaît la menace des morts-vivants, les auteurs nous entraînent dans un récit où la survie est l'affaire de tous les instants, et où la moindre erreur peut s'avérer fatale...

Gifsv25.gifJ'ai hésité avant de me lancer dans cette chronique. D'abord parce que je me suis dit que
je n'arriverai peut-être pas à capter l'attention des lecteurs hermétiques à la BD ou aux zombies... et les deux c'est pire. Ensuite parce que ceux qui sont déjà convaincus de l'intérêt de ce comics, iront surtout attendre la sortie du n°29 devant les portes de leur librairie préférée plutôt que de me lire... Donc, je me suis décidée à le faire pour moi et tant mieux si des curieux - devrai-je dire des courageux ? -  se laissent séduire.
Si vous voulez bien me pardonner cette expression populaire, Walking dead, c'est une
nuitmortsvivants.jpg tuerie ! Et je m'étonne encore de m'y être attachée moi qui n'a pas toujours aimé les zombies. J'ai bien tenté de regarder quelques films cultes (dont quelques navets...) comme La nuit des morts-vivants de Romero (un classique) ou 28 jours plus tard de Danny Boyle. Mais il aura fallu un livre (War World Z de Max Brooks) et des comics, dont nous parlons ici, pour que je trouve en la figure du zombie quelque chose intellectuellement plus transcendant que les boucheries grand-guignolesques de nos amis cinéastes des années 70-80.
L'intérêt, je le trouve dans l'approche psychologique faite des gens qui sont confrontés à un monde en mutation dans lequel ils ne sont que des victimes en sursis, des survivants mal-en-point, terrorisés, affaiblis, ou au contraire de nouveaux héros, leaders en puissance ou dictateurs à l'échelle des petits groupes qu'ils protègent, manipulent, asservissent. Toute la palette des horreurs et des épreuves que peuvent endurer certains hommes, tous les actes de bravoure, de courage, d'affection qui se révèlent là où on ne les attend pas, tout ça constitue l'univers terrifiant de Walking Dead. Les zombies ? Ils sont une métaphore de tous les dangers qui peuvent anéantir l'humanité. Ils sont à la fois virus, pandémie, guerre nucléaire, tremblement de terre, ils sont les voyous qui vous agressent le soir en rentrant chez vous, ils sont la maladie qui décime vos proches, ils sont le conducteur ivre qui vous rend infirme, ils sont le danger, la peur, les risques absolus. Désormais, le zombie prend une dimension différente : l'humanité et sa survie déprendra de sa capacité à gérer le danger. Toutefois, le zombie, on l'oublie. Oui enfin, comprenez-moi, il appartient à ce monde nouveau. C'est comme l'aboiement d'un chien au lointain, d'un train qui ferait vibrer vos fenêtres toutes les heures. Immanquablement, vous vous y faites. Mais pas à la violence qui survient de nulle part, ça non.
PLwalkingdead-rick.jpgLe scénario de Robert Kirkman tend complètement dans ce sens et tout en mixant violence, survie et psychologie, il traite avec parcimonie du deuil, du libre arbitre, du suicide, du passage de l'enfance à l'adolescence, de confiance, de racisme, d'identité sexuelle, d'amitié, de (re)construction psychologique ou matérielle, de folie, de la foi, des paradoxes intérieurs etc. etc. Rien n'est laissé au hasard, rien ne nous est épargné dans toute la palette d'émotions. Pas un seul personnage n'est inutile. Certains, d'abord en second plan, finissent sous les feux de la rampe pour le meilleur, comme le pire. D'autres que l'on croyait partis pour "durer", sont rapidement éjectés du groupe ou victimes des "rôdeurs". Certains suivront leur propre voie ("voix" fonctionne aussi), d'autres développeront des compétences inattendues. Hommes, femmes, enfants, blancs, noirs, asiatiques, riches ou pauvres (ce qui n'a plus de sens au moment du récit), vieux ou jeunes, tout le monde se retrouve à égalité devant le danger. Même le plus fort peut se retrouver surpris et mordus d'autres, plus faibles et couards, s'en sortiront toujours. Robert KirkmanPLwalkingdead-carl-shane.jpg force le respect en sachant jouer de la roulette du destin. On est donc constamment sous tension, ne sachant pas d'une page à l'autre qui va disparaître, tomber malade, voire se tuer bêtement. (Je vous le dis, j'ai très souvent eu peur de tourner une page anticipant quelque chose qui n'arrive pas et ai sursauté devant le résultat quand j'avais oublié ma prudence. Cette sensation étrange est exactement ce que ressentent les personnages face à leur destin). Les scènes de violences n'ont d'égales que la qualité du scénario qui les enrobe. Rien n'est jamais tout blanc ou tout noir. Certains actes ultra violents paraîtront encore plus insupportables s'ils sont promulgués par des gentils. Les méchants n'auront que notre mépris et notre dégoût alors qu'on pourra ressentir de la pitié pour les premiers. Le lecteur est clairement la première victime de ses enchaînements de paradoxes psychologiques auxquels les héros sont confrontés d'autant qu'il apparaît ainsi que la violence bestiale des morts-vivants est presque bien moins dérangeante que celle engendrée par les humains entre eux ou contre les zombies.
Le dessin de Charlie Adlard est bien évidemment la clé de voûte de l'ambiance si particulière de Walking Dead. Entièrement en noir et blanc, il se décline en des agencements de cases plus variés les uns que les autres, en des pleines pages ou des doubles pages subjuguantes, on a droit aussi souvent à des successions de trois cases identiques, symbolisant, l'immobilité, la prostration, que seul un infime détail de la troisième case distingue des deux premières.
Je ne sais pas si vous vous laisserez embarquer dans cette aventure terrifiante dont personne ne sait s'il sera épargné. Une chose est sûre après 28 tomes déjà, la demande ne se relâche pas, ni l'intérêt de lecture. 28 tomes (soit 168 opus selon le découpage US) en 14 ans et qui ne déméritent pas, c'est quand même déjà un sacré exploit !

☺Sachez qu'à partir du tome 22, la série est relancée par un saut dans le temps. Les années ont passé et si le danger s'est un peu fait oublier, la série redémarre lorsque ce dernwalkingdead.jpgier refait surface. Encore une pirouette scénaristique qui capture le lecteur.

Je ne développerai pas trop sur la série télévisée tirée des comics que je n'ai pas vue intégralement. Je préciserai juste que cette adaptation est très libre (même si Kirkman en est le scénariste) et que s'en contenter serait sacrilège. Certes, certains passages sont renforcés à l'écran (la scène de la grange dans la saison 02 par exemple) mais il se passe tellement plus de choses dans le comics que je ne peux que vous conseiller sa lecture avant même de vous aventurer à regarder la série.

Kirkman a adapté ses comics en série TV. Diffusée depuis 2010 elle a été renouvelée pour une 8e saison.

Robert Kirkman (sc) & Charlie Adlard (d) Walkind dead (Walking dead) (29 tomes - Delcourt)

Mots-clés : fin de l'humanité, morts-vivants, psychologie, survie, violence, zombie


Copyright © Janvier 2018 Blog Soleil Vert - Herveline Vinchon

Bonus

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Tag(s) : #BD, #COMICS, #ZOMBIE, #SURVIE, #PSYCHOLOGIE, #VIOLENCE, #NOS COUPS DE COEUR, #FIN DE L'HUMANITÉ, #KIRKMAN, #ADAPTATION TV-CINÉ
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